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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/500

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Les quatre.

Je vais finir par une derniere observation. Quoiqu’il soit indubitable que le choix de la vertu est le plus avantageux de tous, telle est

    6°. Combien n’y en a-t il pas qui se trouveroient heureux dans ma situation, & qui me l’envient ?

    7°. Nous achetons tous nos bien, l’opulence par le travail, la faveur par la flatterie. Et je prétendrois parvenir sans sacrifier mes aises !

    8°. Ne vous attendez-pas à un trop grand bonheur dans cette vie ; la nature humaine n’en est pas susceptible.

    9°. N’aspirez pas à un bonheur trop compliqué. Mais cela dépend-il de moi ? Oui, le premier choix est en votre pouvoir. Vivre c’est jouer : chacun peut choisir son genre de jeu : le gain ou la perte viennent par degrés.

    10°. Anticipez par l’espérance & par l’imagination, ces soulagemens que le tems doit, tôt ou tard, apporter à vos maux.

    11°. Je desire d’être riche ; pourquoi ? Pour me procurer plusieurs belles choses, des maisons, des jardins, un équipage, &c. Mais la nature m’offre par-tout, & sans qu’il m’en coûte rien, des choses infiniment plus belles. Si je sais jouir, elles me suffiront. Si je ne le sais pas, je ne jouirai pas même des richesses.

    12°. Je veux me faire un nom. Si je me conduis bien, je serai estimé de tous ceux qui me connoissent. Et que m’importent tous les autres ?