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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/61

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Philosophiques.

Un homme qui n’est que philosophe, n’est pas, pour l’ordinaire, trop favorablement accueilli dans le monde, parce que vivant éloigné de toute liaison avec ses semblables, imbu de principes différens, & de notions éloignées des leurs, on ne suppose pas qu’il puisse contribuer en rien, soit au plaisir, soit à l’avantage de la société. D’un autre côté, un homme trop ignorant est encore plus méprisé : dans un tems & chez une nation où les sciences fleurissent, la marque la plus certaine d’un petit esprit, c’est de n’avoir ni goût ni sensibilité pour des plaisirs aussi nobles. Le caractere le plus, parfait entre ces deux extrêmes, c’est celui d’un homme également propre pour le cabinet, pour la compagnie, & pour les affaires ; qui porte dans la convention le discernement & la délicatesse que donnent les belles-lettres, & dans les affaires cette probité & cette exactitude qui sont le fruit d’une saine philosophie, Pour donner plus de cours & de perfection à un caractere aussi accompli, rien n’est plus utile que les compositions dont le genre & le style sont aisés, & qui, s’écartant peu des notions