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Examen.

idées de M. Hume sur ce sujet sont peut-être le morceau le plus curieux & le plus singulier de cet ouvrage si plein de singularités. En supposant le théïsme postérieur à l’idolâtrie, en niant qu’il soit l’ouvrage du raisonnement, en mettant de côté la révélation, ne croiroit-on pas qu’il ne reste plus rien à dire, & que toutes les hypotheses sont épuisées ? M. Hume a trouvé dans la subtilité de son esprit de quoi en fabriquer une toute neuve ; la voici :

Une nation idolâtre du nombre des dieux qu’elle adore, en choisir un qu’elle met au premier rang : on flatte ce dieu, on le courtise, on exalte ses attributs : c’est à qui renchérira sur ses titres : l’idée qu’on s’en forme s’aggrandit de jour en jour : à la fin, enivré d’éloges & d’encens à force d’exagération, & de pieuses hyperboles, ce dieu devient l’être Suprême, l’être infini, l’être par excellence, le créateur & le maître de l’univers.

Se seroit-on attendu à un pareil expédient ? Mais à quoi tient cette toile si subtilement ourdie ? À rien du tout, elle voltige dans