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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/31

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De La Religion.

monter jusqu’à une puissance invisible, il faut que quelque passion les anime ; ils n’entreprendroient jamais de pareilles recherches, s’ils n’avoient point de motif pour les entreprendre. Mais quelle passion nous expliquera un effet qui est de si grande importance ? Seroit-ce une curiosité qui se borne à la spéculation Seroit-ce le pur amour de la vérité ? Motifs trop subtils pour faire impression sur des ames grossieres ; & qui d’ailleurs conduiroient à l’examen de la structure du monde, objet trop vaste pour des esprits si bornés. On ne peut supposer à ces hommes barbares que les passions les plus ordinaires, le desir du bonheur, la crainte de la misere, les terreurs qu’inspire la mort, la soif de la vengeance, les appétits naturels qui portent à rechercher la nourriture & les nécessités de la vie ; il n’y a point d’autres motifs qui puissent agir sur eux. Ce sont ces sortes d’espérances & de frayeurs, mais les dernières sur-tout, qui les engagent à interroger l’avenir avec une curiosité inquiete, à vouloir fonder l’ordre des causes futures, & prévoir les événemens incertains de la vie humaine.