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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/33

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De La Religion.

former des idées de ces pouvoirs dont nous dépendons si fort. Si les hommes savoient analyser la nature, en suivant la philosophie la plus vraisemblable ou du moins la plus intelligible, ils verroient qu’en effet ces causes ne consistent que dans l’arrangement des moindres particules de nos corps, & des objets extérieurs : ils verroient que de ce mécanisme invariable dépendent tous ces événemens qui leur causent tant d’inquiétude. Mais cette philosophie n’est point faite pour le stupide vulgaire : il ne conçoit les causes inconnues que d’une maniere vague & confusément ; cependant son imagination, toujours occupée du même sujet, s’efforce d’en produire une idée plus distincte. Plus l’esprit se tourne vers ces causes, plus il considere combien leurs opérations sont indéterminées ; moins il est satisfait de ses recherches : il seroit forcé d’abandonner une aussi pénible entreprise, si un penchant inné à la nature humaine ne le conduisoit à un systême qui lui paroît plausible.

Les hommes en général inclinent à se figurer tous les êtres semblables à eux-mêmes,