Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 4, 1788.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
sur la regle du Goût.

qu’aux ingrédiens les plus minces, qui sépare, pour ainsi dire, les parties les plus déliées du tout où elles sont en confusion : c’est ainsi que la perception vive de la beauté & de la difformité fait la perfection de goût spirituel : l’homme de goût est mécontent de lui-même, tant qu’il soupçonne qu’il peut rester dans un ouvrage, quelque beauté ou quelque défaut auquel il n’ait pas pris garde : en intéressant la perfection de son sentiment, cela intéresse sa perfection personnelle, ces deux intérêts n’en font qu’un. Un palais trop friand fait souvent notre supplice, & celui de nos amis ; au-lieu qu’un goût délicat en fait d’esprit ou de beauté, est toujours un bien, une qualité desirable, la source des plaisirs les plus exquis. & les plus innocens dont nous puissions jouir : tout le monde en convient, par-tout ou la délicatesse du goût est reconnue, elle emporte tous les suffrages ; & pour la faire reconnoître il n’y a pas de plus sûr moyen que d’en appeller à ces modeles & à ces principes qui sont consacrés par l’approbation universelle de tous les peuples & de tous les tems.