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sur les Passions.

& qui n’a pas la moindre espérance de se sauver, tremble en pensant à la question qu’il doit subir par ordre de son juge : ici le mal est indubitable en lui-même ; mais l’esprit n’a pas le courage de s’y fixer ; & cette fluctuation produit un état qui ressemble à la crainte.

8. Ce n’est pas seulement l’incertitude de l’existence du bien & du mal, mais encore l’incertitude de leur genre, qui fait craindre ou espérer. Je suppose que l’on vienne annoncer à quelqu’un, qu’un des ses fils a été tué : la passion que cette nouvelle lui cause n’est pas d’abord de la douleur ; elle ne le devient que lorsqu’il apprend lequel de ses enfans il a perdu : quoique la même passion naisse, de quelque façon que ce doute soit levé ; il est pourtant sûr qu’elle ne saurait prendre une assiette fixe dans l’esprit, avant que le fait soit éclairci : avant ce tems l’imagination incertaine ne produit qu’une émotion indéterminée, une espece de tremblement vague semblable à cette collision de joie & de tristesse dont nous avons parlé.

9. C’est ainsi que tous les genres d’incerti-