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sur les Passions.

aussi des effets qui en résultent, & par conséquent de l’orgueil & de l’humilité, qui en sont des suites inévitables.

Je suppose qu’on n’admette point cette théorie, qu’on ne reconnoisse point la peine & le plaisir pour fondemens des différences morales, au moins est-il manifeste que ces différences sont inséparables de la peine & du plaisir : un caractere noble & généreux nous frappe d’abord ; dans la fable même & dans la poésie il nous plaît & nous enchante ; la cruauté & la trahison au contraire nous révoltent : soit que nous les remarquions dans les autres, soit en nous-mêmes, il nous est impossible de les approuver. Donc la vertu produit toujours un plaisir à part, différent de l’orgueil ou de cette satisfaction que l’opinion de nos mérites nous fait goûter ; & le vice un déplaisir différent de l’humilité ou du remords.

Mais la bonne ou mauvaise opinion que nous avons de nous-mêmes ne vient pas seulement de ces qualités de l’esprit qui, dans les systêmes communs de morale, passent pour une partie de nos devoirs ; elle