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sur les Passions.

que le mérite per formel ; mais il faut pour cela que ces choses ayent une relation particuliere avec nous-mêmes, & qu’elles s’associent à notre être : un beau poisson qui nage dans l’océan, un animal bien proportionné qui court dans la forêt, les choses en un mot qui ne sont pas à nous, ou qui ne nous regardent pas, quelque merveilleuses qu’elles soient & quelque étonnement qu’elles puissent nous causer, n’exciteront jamais notre vanité, il faut, pour la faire naître, quelque chose qui soit lié avec nous, dont l’idée touche, pour ainsi dire, l’idée de notre propre personne ; & il faut qu’il y ait un passage aisé d’une de ces idées à l’autre.

Les hommes sont fiers de la beauté de leur pays, de leur province, & même de leur paroisse. Ici il est évident que l’idée de la beauté produit le plaisir ; ce plaisir, est voisin de l’orgueil ; le sujet ou la cause de ce plaisir, par la supposition même, se rapporte à notre personne, qui est l’objet de l’orgueil : & l’ame passe par ce double rapport, dont l’un est un rapport d’idées, & l’autre un rapport de sentimens.