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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 4, 1788.djvu/42

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Réflexions.

L’estime qui ne nous est accordée qu’après une longue familiarité, pendant laquelle on a eu occasion de nous connoître intimement, a pour nous une douceur tout-à-fait particulière.

Le suffrage de ceux qui sont avares de louanges, nous est doublement précieux.

Lorsqu’un grand seigneur est connu pour être délicat dans le choix de ses favoris ; on s’empresse d’autant plus à mériter ce titre.

Les éloges ne nous flattent gueres lorsqu’ils ne s’accordent pas avec notre propre opinion, lorsqu’ils ne tombent point sur les qualités dans lesquelles nous prétendons exceller.

Ces phénomenes ne semblent-ils pas prouver que nous ne regardons l’opinion favorable que les autres conçoivent de nous que comme un témoignage rendu, ou un sceau apposé à notre propre opinion ? & si l’opinion d’autrui a plus d’influence en cette rencontre qu’elle n’en a pour l’ordinaire, la nature même du sujet nous en fait voir la raison.