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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 4, 1788.djvu/66

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Réflexions.

passion. Il est vrai que sans le double rapport dont, nous avons expliqué la théorie cette union ne sauroit devenir parfaite au point que les passions soient produites l’une par l’autre ; cependant il arrive moyennant un seul rapport, & là même où il n’y en a point, il arrive, dis-je, que deux passions dont chacune vient d’une cause séparée, mais existant à la fois dans l’ame, se mêlent & se confondent : la passion dominante absorbe celle qui est plus foible, & la convertit, pour ainsi dire, en sa substance. Lorsque les esprits animaux sont une fois excités, il est facile d’en changer la direction, & il est naturel de penser que la passion dominante doit opérer ce changement : quelques diverses que paroissent deux passions, il y a souvent plus d’affinité entre elles qu’il n’y en a entre l’une des deux, & l’indifférence.

Les défauts & les petits caprices d’une belle, les jalousies & les querelles, si communes en amour, semblent d’abord approcher de la haine & de la colere, & devoir nous causer bien du désagrément ; ce sont pourtant là dans un cœur tendrement épris