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Dissertation

même que la joie, la beauté, la bonne humeur, la magnificence, tout cela, dis-je, grossit dans les récits qu’ils en font, & devient, en passant par leur bouche, plus important qu’il n’étoit en effet. Par ce secret, quelque absurde qu’il soit, ils brillent dans les cercles ; ils fixent l’attention des assistans ; le merveilleux dont ils brodent leurs contes attache ceux qui les écoutent, en communiquant à leurs ames les passions ou les mouvemens qu’il est en droit de produire.

Cette solution est donc très-ingénieuse ; cependant elle laisse quelque chose à desirer : on ne peut l’appliquer, dans toute son étendue au sujet que nous traitons, voici en quoi consiste la difficulté. Les malheurs dont la représentation nous charme dans la tragédie, s’ils arrivoient en effet sous nos yeux, nous causeroient une affliction vraie très-sensible, cependant c’est alors qu’ils sembleroient devoir être le remede le plus efficace contre l’indolence & la langueur. Il paroît que M. de Fontenelle ait senti cette difficulté : il s’y prend d’une autre façon pour expliquer ce phénomene, ou du moins il