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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/153

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de Morale.

veilloit ou reposoit indifféremment la nuit ou le jour… Ces grandes vertus étoient ternies par de grands vices, il poussoit la cruauté jusqu’à la barbarie, il étoit d’une perfidie plus que Punique, sans foi, sans loi, il n’avoit égard ni à sa parole, ni à ses sermens, ni à la religion[1].

Le portrait que Guicciardin fait du Pape Alexandre VI. est assez semblable à celui qui précede, mais il est plus juste ; il prouve que les modernes, quand ils parlent naturellement, ressemblent aux anciens : « Ce Pape, dit-il, avoit un jugement & une capacité singuliers, une prudence admirable, un talent étonnant pour persuader ; une promptitude & une dextérité incroyable dans toutes les affaires importantes ; mais ces vertus furent contrebalancées par ses vices, il n’avoit ni bonne-foi, ni religion, il étoit d’une avarice insatiable, d’une ambition démesurée & d’une cruauté plus qu’inhumaine ».

  1. Voyez Livre 21, chap. 4.