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de Morale.

est susceptible d’être enseignée ou non[1]. Ils trouvoient à juste titre que la lâcheté, la bassesse, la légéreté, l’impatience, l’inquiétude, l’extravagance, & une infinité d’autres qualités de l’esprit, quoique entiérement independantes de la volonté, étoient ridicules, méprisables & odieuses. Mais de tout tems il a été impossible de supposer qu’il dépendît plus de l’homme de se procurer la beauté de l’ame que celle du corps. Cependant quelques philosophes modernes, en regardant la morale sur le même pied que les loix civiles qui se maintiennent par les peines & par les récompenses, ont été tentés de faire du volontaire & de l’involontaire la base de tout leur systême. Chacun est maître d’employer les termes dans tel sens qu’il lui plaît, mais on est obligé de convenir que beaucoup de choses, qui ne dépendent ni de la volonté ni du choix, sont tous les jours des objets de louange ou de blâme, & il faut qu’en qualité de mora-

  1. Voyez Platon dans son Menon, Seneque de otia chap. 31. Horace dit, Virtutem doctrina paret, naturans donnet. Livre I, Epist. 18.