plus sûrs pour parvenir au but que nous nous proposons. Dans un Cromwell, dans un cardinal de Retz la discrétion eût pu paroître une vertu bourgeoise : incompatible avec les vastes desseins qui occupoient leur ambition & leur courage, peut-être cette qualité eût été en eux un défaut & une imperfection. Mais dans le cours ordinaire de la vie, il n’y a point de vertu qui soit plus nécessaire pour réussir & pour écarter les obstacles ; sans cette vertu les plus grands talens peuvent devenir funestes à celui qui les possede ; Polyphême, privé de son oeil, n’étoit que plus exposé à cause de sa taille démesurée & de sa masse prodigieuse.
Le caractere le plus heureux, si la nature humaine étoit susceptible d’une si grande perfection, seroit celui d’un homme qui, maître de son tempérament, employeroit alternativement la hardiesse & la précaution suivant qu’elles seroient utiles à ses desseins.
St. Evremond trouve cette perfection au maréchal de Turenne ; à mesure que ce grand capitaine vieillissoit, il marquoit plus d’audace dans ses entreprises militaires : comme