Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
201
de Morale.

Pour être propre à la bonne compagnie, il faut avoir de l’esprit aussi-bien que de la politesse. S’il n’est point aisé de définir l’esprit, On peut du moins décider très-sûrement que c’est une qualité agréable aux autres, & qui aussi-tôt qu’elles se montre, inspire de la joie à tous ceux qui sont en état d’en sentir le prix. On pourroit mettre en usage la plus profonde métaphysique pour expliquer les différentes sortes d’esprit, & il seroit aisé peut-être de diminuer le grand nombre d’acceptions qui ont été données à ce terme, & de les réduire à la simple expression du sentiment & du goût. Mais pour le but que nous nous proposons, il suffit de remarquer que cette qualité développe le sentiment & le goût, & s’attire notre affection & notre approbation par le plaisir qu’elle nous cause.

Dans les pays où l’on passe tout son tems en conversations, en visites, en assemblées, les vertus de société sont infiniment estimées, & forment la principale partie du mérite personnel. Dans les pays au contraire où l’on mene une vie plus domestique & plus retirée, où les hommes sont occupés ou plus