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de Morale.

ou du moins le plus grand nombre s’accordent dans l’opinion & dans le jugement qu’ils en portent. Il faut encore que ce sentiment soit assez universel pour s’étendre à toute l’humanité, & qu’il rende les actions ou la conduite des hommes même les plus éloignés de nous, estimables ou blâmables à nos yeux, selon qu’elles sont conformes ou opposées à la regle de justice qui est établie. Or ces deux circonstances ne se trouvent que dans le principe de l’humanité sur lequel notre systême est fondé ; les autres passions excitent bien dans tous les cœurs des sentimens très-forts de desir ou d’aversion, d’affection ou de haine, mais ces sentimens ne sont point assez universels pour que l’on puisse fonder sur eux un systême général, qui rende raison de l’approbation & du blâme que nous donnons aux actions.

Lorsque quelqu’un appelle un homme son ennemi, son rival, son adversaire, son antagoniste, on sent qu’il parle le langage de l’amour-propre, & qu’il exprime des sentimens qui lui sont personnels, & causés par sa situation ou par des circonstances parti-