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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/233

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de Morale.

L’exemple des émeutes populaires, des séditions, des révoltes, des factions, des terreurs paniques & de toutes les passions qui sont le partage de la multitude, nous apprend combien l’esprit de parti contribue à allumer & à entretenir les passions des hommes ; nous voyons souvent que les cabales les plus opiniâtres sont excitées par les causes les moins considérables & les plus frivoles. Solon, quoique peut-être législateur injuste, n’étoit point trop cruel de punir ceux qui ne prenoient aucun parti dans les guerres civiles. Je crois, moi, que peu de gens encoureroient, en pareil cas, la peine de-

    continue à se régler sur des vues personnelles d’intérêt, nous ne laissons pas de rendre hommage aux regles générales qu’il est d’usage de respecter ; c’est ce que nous faisons lorsque nous cherchons à rendre odieuse la conduite de notre ennemi, en lui imputant de la méchanceté ou de l’injustice, par-là nous donnons un libre cours à celles de nos passions qui naissent de l’amour-propre ou de l’intérêt particulier ; lorsque le coeur est rempli de fureur, jamais il ne manque de prétextes de cette nature, ils sont quelquefois aussi frivoles & aussi ridicules que ceux qu’Horace met en usage, lorsqu’ayant été sur le point d’être écrasé par la chûte d’un arbre, il acuse de parricide celui qui l’avoit planté.