Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
Essais

l’ame travaille à s’orner des perfections qui conviennent à l’être raisonnable.

Telle est l’idée que nous nous formons de la perfection morale ; voilà comment on peut expliquer la force d’un grand nombre de sympathies ; notre sentiment moral n’est lui-même en grande partie qu’une sensation de cette nature, l’envie que nous avons de donner aux autres une idée favorable de notre mérite semble venir de soin que nous avons de nous faire prendre cette idée à nous-mêmes ; & pour y parvenir nous sommes forcés de régler nos jugemens incertains sur l’approbation d’autrui.

Mais pour concilier les choses, & pour écarter, s’il est possible, toute obscurité, supposons un moment que tous ces raisonnemens soient faux ; supposons que ce soit une erreur de rapporter, à des sentimens de sympathie & d’humanité, le plaisir que produisent des vues d’utilité ; avouons pour un moment qu’il faut trouver une autre cause de suffrage général que l’on accorde à tous les êtres, tant insensibles qu’animés raisonnables, lorsque nous remarquons qu’ils