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de Morale.

ressé à suivre les devoirs qu’elle prescrit ? Or l’avantage particulier de notre théorie, c’est de fournir les moyens les plus propres pour parvenir à une fin si précieuse.

Il seroit inutile de prouver que les vertus utiles ou agréables à celui qui les possede, sont désirables en vue de son propre intérêt ; & les moralistes pourroient s’épargner la peine qu’ils se donnent pour en recommander la pratique. À quoi bon rassembler cent argumens pour prouver que la tempérance est avantageuse, & que l’excès des plaisirs est nuisible ; ne voit-on pas que le nom d’excès en marque déjà la malignité ? Si l’usage des liqueurs fortes ne nuisoit pas d’avantage à la santé ou aux facultés de l’esprit & du corps, que l’usage de l’air & de l’eau, Il ne seroit pas plus blâmable.

Il paroît tout aussi inutile de faire voir que les qualités sociales telles que l’esprit, la politesse, la décence, sont plus desirables que leurs contraires. La vanité seule sans autre considération est un motif suffisant pour nous faire souhaiter ces perfections. Jamais homme n’a volontairement manqué