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Essais

cupidité ; & il seroit difficile de prouver pourquoi un homme perdroit plus par une action généreuse que par toute autre sorte de dépense, puisque le plus haut point où il puisse atteindre par l’amour-propre le plus raffiné, est de contenter quelqu’une de ses affections.

Si la vie sans passion doit être insipide & fatigante, supposons qu’un homme, maître de son sort à cet égard, délibere sur le genre de desir qu’il choisira pour en faire le fondement de son bonheur ; il observera que ces affections lorsqu’elles ont été satisfaites, donnent un plaisir proportionné à leur vivacité ; mais outre cet avantage qui est commun à toutes les affections, la sensation immédiate de la bienveillance, de l’amitié & de l’humanité, est douce, tendre & agréable, même indépendamment du sort ou des événemens de la vie. Ces vertus sont accompagnées d’une satisfaction intérieure & d’un souvenir flatteur, elles nous mettent bien avec nous-mêmes ainsi qu’avec les autres ; le témoignage qu’on se rend au fond du cœur, d’avoir rempli ses de-