& que nous en sommes témoins, si ce n’est l’estime & la passion que nous avons pour lui ?
Ces exemples & une infinité d’autres sont des preuves d’une bienveillance gratuite qui existe dans l’homme, sans qu’un intérêt réel nous attache à l’objet de notre amitié, & il me paroît difficile d’expliquer comment un intérêt supposé & imaginaire, connu & avoué pour tel, peut être l’origine d’un sentiment ou d’un mouvement de l’ame. On n’a point encore trouvé jusqu’à présent d’hypothese satisfaisante en ce genre, & il n’y a pas la moindre apparence que jamais l’art des hommes réussisse dans cette recherche.
De plus si nous voulons considérer cette matiere sans prévention, nous trouverons que le systême qui suppose une bienveillance désintéressée & distincte de l’amour-propre, est réellement plus simple & plus conforme à la nature que celui qui rapporte à ce dernier principe toute amitié & tout sentiment d’humanité. Il est des besoins & des appétits physiques qui de l’a-