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Dialogue.

ses besoins. Le philosophe ancien se soutenoit par La fierté, son ostentation, son orgueil & par l’idée de sa supériorité sur les autres hommes. Le philosophe moderne faisoit profession d’humilité & d’abjection : il estimoit la haine & le mépris de soi-même, & tâchoit, autant qu’il étoit en lui, d’acquérir ces vertus prétendues. Les austérités du Grec tendoient à l’endurcir & à le rendre insensible à la douleur, au-lieu que le François pratiquoit les siennes pour l’amour d’elles-mêmes, & dans la vue de se tourmenter le plus qu’il étoit possible. Le philosophe se livroit à la débauche la plus sale, même en public ; le saint se refusoit les plaisirs les plus innocens, même en particulier. Le premier s’imaginoit que l’amitié l’obligeoit de railler ses amis, de les blâmer de les reprendre durement. Le dernier travailloit à étouffer les sentimens de la nature & du sang, & à se défaire de toute sorte d’humanité & de bienveillance pour ses ennemis. Diogene exerçoit son esprit satirique, contre toute superstition, c’est-à-dire, contre toutes les religions établies de son tems ; il