dans l’état d’égalité que nous supposons ? Une égalité parfaite dans les possessions, en détruisant la subordination, affoibliroit considérablement le pouvoir des magistrats, & établiroit un certain niveau entre l’autorité comme entre les biens des citoyens.
Concluons donc que pour faire des loix propres à régler les possessions, il faut connoître la nature & la situation des hommes ; qu’il faut rejeter les apparences souvent spécieuses qui peuvent tromper, & qu’il faut chercher des principes qui soient d’une utilité générale. Le sens commun & une foible expérience suffisent pour cela, il s’agit seulement de ne point écouter une avidité trop intéressée, ni de se laisser entraîner par la chaleur de l’enthousiasme.
Qui ne voit point, par exemple, que ce qui est produit ou perfectionné par l’art & l’industrie d’un homme, doit lui être assuré à jamais, afin d’encourager les autres à prendre des habitudes utiles à la société ? Par la même raison il convient que la propriété de nos biens passe à nos enfans & à nos proches ; on doit avoir la liberté de les aliéner,