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de Morale.

aux sociétés politiques. Tous les princes veulent qu’on ait des égards pour les droits des autres, & il n’est pas douteux que plusieurs ne le veulent sincérement. Tous les jours il se fait des alliances & des traités entre des états indépendans les uns des autres ; on ne feroit que gâter du parchemin si l’expérience nous montroit ces actes sans effet & sans autorité. Le genre humain ne sauroit subsister sans une association entre les individus ; & cette association ne pourroit jamais avoir lieu si l’on n’avoit égard aux loix de la justice & de l’équité. Le désordre, la confusion, la guerre de tous contre tous résulteroient nécessairement du déréglement de la conduite contraire. Mais les nations peuvent fleurir sans avoir de liaisons entre elles. Elles peuvent même subsister jusqu’à un certain point dans un état de guerre générale. Et voilà pourquoi les loix de la justice, quoique utiles pour elles, ne sont point aussi indispensables de nation à nation qu’entre les particuliers ; dans ce cas comme dans bien d’autres, l’obligation morale est proportionnée à l’utilité. Tous les politiques