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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/120

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Essais

donner une haute idée de l’esprit de liberté, dont la nation angloise est animée. Comment sans cela eussions-nous pu maintenir, depuis tant de siecles, notre constitution contre des souverains, qui à la splendeur & à la majesté de la couronne ont toujours joint des richesses immenses, & telles qu’il n’y a point d’exemple qu’aucun citoyen d’un état libre en ait jamais possédé de pareilles ? Cependant on peut dire avec assurance, que cet esprit patriotique, fût-il plus ardent encore, ne sera point en état de résister à ce poids énorme de propriété dont jouit le roi qui est actuellement sur le trône, & qui s’augmente de jour en jour.

À ne faire qu’un calcul très-modéré, on peut compter que la couronne dispose à-peu-près de trois millions. La liste civile peut aller à un million ou peu s’en faut ; la perception de tous les impôts à un second million ; les charges militaires & navales, conjointement avec les bénéfices ecclésiastiques portent au-delà d’un troisième million. Quelle somme ! elle comprend, sans exagération, plus de la trentième partie de tout ce que