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Essais

républicain, & n’étant pas plus tolérée en Hollande & à Venise qu’en France & en Espagne, elle fait naturellement naître ces deux questions. 1. D’où vient à la Grande-Bretagne un aussi singulier privilége ? 2. L’usage illimité que nous en faisons est-il avantageux ou préjudiciable au bien public ?

La forme mixte de notre gouvernement, qui fait que nous ne sommes ni monarchie ni république, mais quelque chose entre deux, peut, si je ne me trompe, fournir une réponse solide à la premiere de ces questions. Les politiques ont fait deux observations fort justes : la premiere, c’est que la liberté & l’esclavage, qui paroissent deux extrémités diamétralement opposées, sont plus voisines qu’on ne pense, & même se touchent de bien près : la seconde, c’est qu’en mêlant beaucoup de liberté avec un peu de monarchie, celle-ci y gagne & devient plus puissante ; au-lieu qu’en mettant dans un état monarchique une petite dose de liberté, le joug s’appesantit & devient plus insupportable. Je m’explique.

Dans un gouvernement absolu comme est