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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/186

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Essais

gures de près, elles paroissent monstrueuses & disproportionnées, au-lieu que considérées de loin, & dans leur vrai point de vue, tout y paroît régulier & comnme il doit être. Il en est de même des caracteres tracés dans les représentations théatrales. La fiction, qui fait tout leur être, les met à une sorte de distance : ils deviendroient froids & peu intéressans si on ne remplaçoit, à force de coloris, ce qui leur manque en réalité.

C’est ainsi qu’un conteur, qui s’est une fois permis de s’écarter du vrai, ne peut plus même se renfermer dans les bornes de la probabilité : à chaque répétition de son conte, il ajoute une nouvelle circonstance, qui plaît à son imagination, ou qu’il croit propre à augmenter le merveilleux. C’est ainsi que ce qui au commencement du récit de Falftaff, étoit deux hommes, en devint onze avant qu’il eût achevé.

Cependant il y a un vice pour lequel les poëtes satiriques ou comiques n’ont point de traits trop chargés, ni de trop fortes couleurs, & dont la peinture n’est jamais au-dessus de la réalité ; c’est l’AVARICE. Nous