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Moraux et Politiques

férens motifs ou principes agissans de la nature humaine, dans la vue d’en porter un jugement vrai ; & c’est en effet la seule espece de comparaison qui soit digne de notre attention, ou qui décide quelque chose dans cette question.

Si l’amour-propre & les principes vicieux de la nature humaine l’emportent autant sur les principes de sociabilité & de vertu, que quelques philosophes le prétendent, nous avons droit assurément de la mépriser.

Il y a beaucoup de disputes de mots dans cette controverse. Lorsqu’un homme nie la réalité de tout amour du bien public, de toute affection pour la patrie & pour la société, je suis fort embarrassé de l’idée que j’en dois concevoir ; peut-être n’éprouva-t-il jamais cette passion d’une maniere assez claire & assez distincte pour pouvoir éloigner tous ses doutes touchant sa force & sa réalité. Mais s’il continue de rejeter toute affection particuliere où l’amour-propre n’a point départ, alors je suis convaincu qu’il abuse des termes, & qu’il confond les idées des choses, parce qu’il est impossible à qui que ce soit d’être