Aller au contenu

Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
212
Essais

s’étoit considérablement grossie par l’affluence des voleurs de grand chemin qui exerçoient leur brigandage dans les environs de Rome. Si l’on assembloit actuellement tous les gens de cette profession, qui sont répandus dans l’Europe, je ne crois pas qu’on en pût faire un régiment. Dans le plaidoyer de Cicéron pour Milon, entre les argumens dont il se sert pour prouver que Milon n’a point assassiné Clodius, je trouve celui-ci : Si Milon, dit-il, avoit médité cet assassinat, il n’auroit point attaqué Clodius en plein jour, & à une si grande distance de la ville : il l’auroit guetté, pendant la nuit, près des faux-bourgs, où l’on eût pu le supposer massacré par des brigands ; & la fréquence de ces accidens auroit favorisé cette imposture. Combien la police de Rome ne doit-elle pas avoir été relâchée ? Et quel ne doit pas avoir été le nombre & la force de ces brigands ? Clodius alors se faisoit accompagner de trente esclaves[1], armés de pied en cap, que les

  1. Vide Asc. Ped. in Orat. pro Milone.