licat, ni l’esprit fort sensible aux agrémens des beaux-arts. Les Muses ne leur ont pas dispensé leurs faveurs avec trop de largesse. Pour leur plaire, leurs poëtes comiques n’ont que la ressource des obscénités, & leurs auteurs tragiques ne sauroient les toucher sans ensanglanter la scene. Les orateurs, ne pouvant recourir ni à l’un ni à l’autre de ces moyens, ont renoncé à toute espérance de les émouvoir, & se sont réduits à la simple argumentation.
Ces obstacles, modifiés par d’autres accidens, peuvent retarder l’origine de l’éloquence dans ce royaume ; mais ils ne l’empêcheront point de réussir, si jamais elle peut y éclorre. On peut dire que c’est ici un champ fertile en lauriers, qui attendent une main assez adroite pour les cueillir. Ce sera celle de quelque jeune homme d’un esprit accompli, rompu dans les beaux-arts, & suffisamment instruit de nos affaires publiques ; il se produira dans le parlement, & il accoutumera nos oreilles à une éloquence plus forte & plus touchante. Deux raisons