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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/267

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Moraux et Politiques

absolu que s’ils lui appartenoient en propre ; & d'un autre côté il les néglige ou les tyrannise, comme s’ils appartenoient à un autre, & que leur sort ne dût en aucune façon l'intéresser. Les peuples qui vivent sous une pareille domination sont des esclaves dans toute la rigueur du terme, & ne peuvent aspirer ni à polir leur goût, ni à perfectionner leur entendement, trop heureux encore s'il pouvoient jouir en paix du nécessaire.

Habet subjectos, tanquam suos, viles ut alienos.

Tacit. Hist. lib. I.

Il est donc impossible que les arts & les sciences prennent leur premier essor dans une monarchie. Comment y pourroit-on songer sous un monarque ignorant & dépourvu d'instruction ? Rien ne lui faisant sentir la nécessité d'assujettir son gouvernement à des loix générales, il donne plein pouvoir à tous les magistrats subalternes. Cette barbare politique dégrade l'esprit du peuple, & l’empêche pour jamais de s’élever. S'il étoit possible qu'avant que les sciences parussent