Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
Moraux et Politiques

rien cette légere fermentation qui paroit s’être emparée actuellement des esprits. Il est plutôt à espérer qu’à mesure que nous nous accoutumerons d’avantage à voir discuter librement les affaires de l’état ; nous apprendrons à en juger avec plus de solidité, & serons d’autant moins séduits par les bruits vagues & par les rumeurs populaires.

N’est-ce pas une pensée consolante, pour tous ceux qui aiment la liberté, que le privilége de la presse ne sauroit gueres nous être enlevé, sans qu’on nous enleve en même tems notre état républicain & notre indépendance. Il est rare que la liberté, de quelque espece qu’elle soit, ait été détruire d’un seul coup. Des hommes nés libres, ont de l’horreur pour le seul nom d’esclavage : il ne peut donc s’insinuer que par degrés ; & il faut qu’il essaie mille formes différentes, avant d’en trouver une qui le fasse recevoir. Mais si la liberté de la presse devoit périr parmi nous, elle devroit périr tout-à-la-fois : sa chûte, pour ainsi dire devroit être instantanée, & voici pourquoi. Nos loix générales contre les séditions & contre les libelles