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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/270

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Essais

police, & une autorité plus modérée pourroient leur procurer.

Ici donc paroît le grand avantage des républiques, quelques barbares qu'elles soient ; les lois y naissent, & y naissent avant même que les sciences aient répandu beaucoup de clarté : De l'établissement des lois résultent la sécurité, la sécurité engendre la curiosité, & la curiosité est la mère de la science : les derniers degrés de cette progression n’en sont peut-être que des suites accidentelles ; mais les premiers, sont enchaînés par une nécessité inévitable ; une république sans loix ne saurait durer. Dans les gouvernemens monarchiques c'est tout le contraire ; les loix ne sont pas un résultat nécessaire de ces sortes d'états ; il semble même que les monarchies absolues répugnent à la législation ; ce n'est que par de sages mesures que l'on vient à bout de les concilier ; & l'on ne saurait atteindre à ce haut degré de sagesse, avant que la raison soit cultivée & perfectionnée. Cette culture seule fait naître la curiosité, produit la sécurité, & enfante les loix. D'où il paroît encore que le germe des