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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/280

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Essais

traînoient pas la perte des anciens livres & des monumens de l’histoire, seroient plutôt favorables que nuisibles aux arts & aux sciences, elles servent à borner l’influence de l’autorité, & à détrôner les usurpateurs qui tyrannisent la raison humaine : il en est de même à cet égard que des interruptions dans les gouvernemens & dans les sociétés politiques. Que l’on considere la soumission aveugle des anciens philosophes aux chefs de leurs écoles, & l’on sera convaincu qu’une philosophie aussi servile n’auroit jamais pu produire rien de bon, quand elle eût duré des centaines de siecles. La secte même des éclectiques, qui naquit vers les tems d’Auguste, quoiqu’elle fît profession de choisir librement ce qu’elle trouvoit à son gré dans les dogmes des différentes sectes, n’en étoit pas pour cela moins dépendante & moins esclave que les autres : ce n’étoit pas dans la nature qu’elle cherchoit la vérité ; mais dans les diverses écoles où elle la croyoit dispersée. Depuis la renaissance des lettres il n’a plus été question de Stoïciens, d’Épicuriens, de Platoniciens, de Pythagoriciens : aucune