feste que c'est entreprise ne sauroit être commencée ni poussée dans les monarchies. Avant qu'une Monarchie soit civilisée, tout le secret de sa politique consiste à confier un pouvoir illimité à chaque gouverneur & à chaque magistrat, ce qui revient à subdiviser le peuple en autant d'ordres d'esclaves. D'une pareille constitution on ne saurait se promettre aucun progrès ni dans les sciences, ni dans les arts, ni dans les loix, ni peut-être même dans les arts mécaniques & dans les manufactures. L'ignorance & la barbarie qui ont présidé au commencement de cet état, passent à la postérité, & ces malheureux esclaves n’ont ni assez d'adresse, ni assez de force pour s’en délivrer.
Mais quoique la législation, cette source de sécurité & de bonheur, étant le fruit tardif de l'ordre & de la liberté, trouve bien de la peine à s'introduire dans les états, il est d'un autre côté moins difficile de la conserver, lorsqu'une fois elle est introduite : c'est une plante vigoureuse & profondément enracinée, que la négligence du cultivateur ne détruit pas facilement, & qui résiste à l’in-