sentement il faut chercher une autre source du gouvernement.
Si tous les hommes étoient rigides observateurs de la justice, en sorte qu’il ne leur vînt jamais dans l’esprit de s’approprier les biens d’autrui, ils seroient toujours restés dans un état de liberté parfaite ; on ne sauroit ce que c’est que des magistrats, & la société civile seroit encore à naître. Mais c’est-là une perfection dont on a raison de croire la nature humaine incapable. Si tous les hommes avoient l’entendement assez éclairé pour jamais méconnoître leurs véritables intérêts, on ne se fût soumis qu’à des formes de gouvernement examinées & approuvées par chaque membre de la société. Mais cette perfection est encore au-dessus de l’homme. La raison, l’histoire, & l’expérience nous apprennent également qu’aucune société politique n’a eu une origine aussi réguliere & aussi exactement calquée : si l’on vouloit recueillir les époques où le consentement du peuple a le moins influé dans les affaires publiques, il trouveroit que ce sont précisément les époques de la