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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/99

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Moraux et Politiques

Il y a, outre cela, dans les lumieres que donne l’étude de l’histoire, un avantage qui ne se trouve point dans l’expérience acquise par le commerce du monde. C’est qu’elle nous instruit de train des affaires de la vie, sans rien diminuer des sentimens que la vertu la plus délicate inspire. J’avoue que je ne connois aucun genre d’étude, aucune occupation aussi irréprochable à cet égard.

Les poetes savent peindre la vertu des couleurs les plus agréables ; mais comme pour l’ordinaire ils ne parlent qu’aux passions, ils deviennent souvent les avocats du vice. Les philosophes même sont sujets à s’embarrasser dans la subtilité de leurs spéculations, & nous avons vu quelques-uns s’égarer au point de nier toute moralité. Mais voici une remarque bien digne de l’attention d’un lecteur judicieux. C’est que les historiens ont été presque tous amis de la vertu, & l’ont toujours représentée sous ses véritables traits, lors même qu’ils se sont trompés dans leurs jugemens à l’égard des personnes particulieres. Machiavel lui-même paroit en avoir de vrais sentimens dans son