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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/130

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Essai

richesses n’augmenteroit pas sur le champ le nombre des prêteurs ; il s’écouleroit quelque tems avant que les nouvelles especes se rassemblassent en sommes considérables, & l’intérêt de l’argent resteroit pendant cet intervalle au même taux qu’auparavant. Dans tout état sans commerce & sans industrie, & où le peuple n’est partagé qu’en propriétaires & en cultivateurs ; les especes, quelque abondantes qu’on les suppose, ne peuvent jamais s’y rassembler en sommes considérables, & ne peuvent y donner lieu qu’à une augmentation dans la valeur de toutes les denrées & de toutes les marchandises. Le propriétaire, presque toujours prodigue, parce qu’il est oisif & sans occupation, dissipe son argent aussi-tôt qu’il le reçoit, & le malheureux paysan n’a ni les moyens, ni l’ambition d’acquérir au-delà des simples nécessités de la vie. L’augmentation du commerce & de l’industrie, & le progrès des arts, sont les seuls moyens de réunir une grande quantité d’especes, de les rassembler en sommes considérables dans quelques mains, d’augmenter le nombre