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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/162

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Essai

bornes raisonnables, elle est fondée sur la raison & sur l’expérience.

Il semble, à la premiere vue, que les impôts établis sur les denrées dont le peuple fait usage, nécessitent les pauvres à diminuer leur dépense, ou à augmenter le prix de leurs journées & de leur travail ; mais l’expérience apprend que les ouvriers forcés, par l’augmentation des impôts, à devenir plus laborieux & plus industrieux, sont en état de les payer, sans exiger une plus forte rétribution pour le prix de leur travail. Il est même certain que lorsque les impôts sont modérés, qu’on les établit successivement, & sans affecter les nécessités de la vie, ils contribuent souvent à exciter l’industrie d’une nation, & à lui procurer des richesses que sa situation, le climat, & la nature du sol sembloient lui refuser. On peut observer, en effet, que les peuples les plus commerçans ont été dans tous les tems renfermés dans un territoire de peu d’étendue, & qu’ils n’ont pu devenir riches & puissans, qu’en surmontant les différens obstacles que la nature leur opposoit. Tyr,