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sur le Crédit public.

plus assurée pour eux & leur famille, dans les revenus publics. Si l’état n’étoit pas débiteur d’effets portant intérêt, les riches négocians ne pourroient réaliser & mettre leur fortune à l’abri de tout danger, qu’en achetant des terres, & les terres ne peuvent jamais leur être aussi avantageuses que les fonds publics. En effet, toute propriété de terres exige des soins & des voyages, & partage le tems & l’attention d’un négociant. Il lui est impossible, dans le cas d’une spéculation avantageuse, ou d’un malheur imprévu, de convertir des fonds de terre en argent, avec la même facilité que les papiers portant intérêts, dont l’état est débiteur. D’ailleurs, la possession des terres change bientôt le citoyen en campagnard, tant par les plaisirs simples & tranquilles qu’elle lui procure, que par l’autorité qu’elle lui donne sur les cultivateurs. Il y a donc tout lieu de penser que les états débiteurs de fonds publics renfermeront toujours plus de riches négocians que les autres, & que les peres de familles, enrichis par le commerce, y seront moins exposés au desir