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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/212

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Essai

qui intéresse notre fortune, seroit moins extraordinaire, si nous étions tous bons Chrétiens, entiérement résignés aux ordres de la Providence, & détachés des biens de ce monde ; les rentiers le prévoient, & y paroissent résignés, mais ce sentiment qui a l’apparence du plus grand désintéressement, n’est fondé que sur une longue habitude de jouir du moment présent, & sur l’espérance qu’il n’y aura que la postérité de malheureuse. Ils ont prévu dès le premier emprunt que les dettes publiques seroient portées au point où elles sont présentement, & ils ne peuvent se dissimuler quelle en sera la conséquence. Il faut en effet, ou que la nation détruise le crédit public, ou que le crédit public détruise la nation. Il est impossible que l’un de ces deux événe-

    le monde, qui n’aura l’approbation que d’une postérité qu’il ne verra jamais, & d’un très-petit nombre de contemporains raisonnables, hors d’état de lui procurer le suffrage du plus petit bourg du royaume ? Il n’est pas vraisemblable que nous ayions jamais un ministre si mauvais politique, il ne s’en est pas encore trouvé jusqu’à présent, & leur habileté a été jusques-là.