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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/215

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sur le Crédit public.

blic commencera pour lors à chanceler, le moindre mouvement sera suffisant pour le détruire, ainsi qu’il est arrivé en France en 1720. Je crois, en ce cas, pouvoir comparer sa chute à la mort du malade qui périt par l’effet même du remede que lui donne le médecin[1].

  1. Note de la auteur.
    Quelques états voisins mettent en usage un expédient singulier pour diminuer le fardeau des dettes publiques ; les François ont coutume, à l’imitation de ce qui se pratiquoit autrefois à Rome, d’augmenter la valeur de la monnoie, & le gouvernement s’en est rendu l’usage si familier, que cette opération ne fait aucun tort au crédit public. Tout édit, portant augmentation de la monnoie, est cependant une diminution forcée des dettes publiques, & sous un autre nom, une véritable banqueroute. Les Hollandois diminuent l’intérêt des rentes, sans avoir le consentement de leurs créanciers, ou, ce qui est la même chose, ils taxent arbitrairement les fonds de terre & toutes les especes de propriété. Si nous pouvions adopter l’une de ces deux méthodes, nous ne courrions pas le risque d’être écrasés par nos dettes nationales. Et il n’est pas impossible qu’on en fasse quelque essai lorsque les dettes seront encore augmentées & les tems devenus plus difficiles ; mais le peuple anglois raisonne trop bien sur ce qui le touche, pour n’en pas sentir la conséquence ; & un essai si dangereux feroit tomber tout-à-coup le crédit public.