Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
Essai

l’exigeroient. Nos ennemis étrangers, ou plutôt notre ennemi, car un seul est redoutable pour nous, sachant qu’un parti désespéré seroit le seul remède à nos maux, aura la politique de nous cacher le danger, & de ne le découvrir que lorsqu’il sera entiérement inévitable. Nos aïeux, nos pères & nous-mêmes, avons toujours pensé, avec raison, que nous seuls pouvions conserver l’équilibre de la balance du pouvoir en Europe ; mais nos enfans, fatigués par la résistance, & retenus par les obstacles, resteront spectateurs de l’oppression & de la conquête de leurs voisins ; jusqu’à ce qu’enfin vaincus par leurs créanciers, bien plutôt que par les armes de leurs ennemis, & dans la crainte de devenir esclaves de leurs concitoyens, ils appelleront un peuple étranger à leur secours & s’abandonneront à la discrétion d’un vainqueur moins redoutable pour eux que leurs créanciers. Ce malheur, s’il arrive jamais, sera la mort violente de notre crédit public.

Il est impossible de décider dans quel tems notre crédit public sera détruit, ni, des trois