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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/226

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Essai

frais d’une seule campagne ? Or, il est certain que les rois ruineroient leurs sujets, & leur causeroient des maux irréparables, s’ils amassoient & mettoient à part les sommes nécessaires pour la premiere année de la guerre.

La France, a dépensé, dans chacune des campagnes de la derniere guerre, plus de 200 millions au-delà des revenus ordinaires de son souverain ; cependant la totalité des impôts levés depuis 1756, jusqu’en 1763, n’a pas excédé chaque année de plus de 40 millions, ceux qui ont été levés en 1765. Sans le secours des emprunts, le roi auroit été forcé d’imposer chaque année, pendant tout le cours de la guerre, plus de 160 millions au-delà de ce que les peuples ont payé. L’impuissance totale d’y satisfaire les auroit fait succomber sous le fardeau, & ils auroient été réduits à ne pouvoir se donner les nécessités de la vie ; toute espece de commerce & d’industrie seroit tombée tout à-coup, & les ennemis profitant de l’épuisement du royaume, & n’étant pas chargés d’impositions accablantes, parce qu’ils se