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Essai

le fasse, par la même raison, échapper de nos mains. Le soin qu’ont eu les politiques modernes de remplir tous les porte-feuilles d’actions, de billets de banque, & de papier d’échiquier, semble être une suite de la crainte qu’ils ont eue que la nation ne se trouvât un jour accablée sous le poids de l’or & de l’argent.

Le royaume de France possede une très-grande quantité d’especes, & il en est principalement redevable au petit nombre de papiers de crédit qui ont cours dans ce puissant État. Aucune banque publique n’y est établie ; les lettres de change y sont moins communes qu’en Angleterre ; tout prêt d’argent, dont le principal n’est pas aliéné, y est regardé comme usuraire. Faute de débouchés de leur argent, les François sont obligés d’en garder une grande partie en caisse, & c’est par cette raison que les simples particuliers de ce royaume possedent une grande quantité de vaisselle d’argent, & que leurs églises sont remplies d’argenterie. C’est à la réunion de ces différentes circonstances qu’on doit attribuer