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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/47

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sur le Luxe.

jouissance, épuise son esprit & exige des intervalles de repos ; & ce même repos, agréable pour un moment, engendre, s’il est prolongé, une langueur & un engourdissement incompatibles avec le bonheur. Il faut avouer que l’éducation, la coutume & l’exemple ont une grande influence pour déterminer les désirs des hommes, & qu’ils contribuent beaucoup à leur bonheur, lorsque dès les premieres années de la vie, ils leur inspirent du goût pour les plaisirs & pour les affaires. Dans les siecles où l’on voit fleurir les arts & l’industrie, les hommes sont continuellement occupés, & l’occupation elle-même n’est pas moins leur récompense que les plaisirs que leur procure le produit de leur travail. L’esprit acquiert, par l’occupation, une nouvelle vigueur ; il augmente son pouvoir & ses facultés, & l’homme se trouve en état, par son assiduité au travail, de satisfaire à la fois ses vrais besoins, & de prévenir les désirs déshonnêtes, que le loisir & l’oisiveté n’engendrent que trop souvent ; on ne peut bannir les arts de la société sans priver les hommes