Les arts & le luxe, considérés dans leur véritable point de vue, doivent paroître favorables à la liberté ; & s’ils ne suffisent pas seuls pour affranchir les peuples de la servitude, ils contribuent du moins à la conservation de la liberté, & les mettent à l’abri du malheur de la perdre. En effet, lorsqu’on observe avec attention les nations grossieres & sans police, où les arts sont inconnus, on y voit la culture de la terre être l’unique travail & la seule industrie du peuple. Les habitans n’y sont partagés qu’en deux classes, l’une composée des propriétaires des terres, & l’autre de leurs vassaux ou fermiers. Ces derniers, ne possédant aucunes richesses, naissent nécessairement dans la dépendance, & sont élevés dans l’esclavage & dans la soumission ; l’ignorance entiere & absolue de toute espece d’arts, dans laquelle est plongée la nation, les empêche même d’en être considérés par leur habileté dans l’agriculture. Les premiers, c’est-à-dire, les propriétaires des terres, s’érigent naturellement, dans ces pays barbares, en petits tyrans, & sont
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Essai
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