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LE MASSACRE DE LACHINE

culté. Déjoués dans leurs projets, ils attaquèrent le fort de Chambly et l’auraient pris sans les prompts secours apportés par les courageux colons du district. Repoussés sur ces deux points, les Iroquois firent une descente sur l’Île de Montréal et attaquèrent un fort dont ils essayèrent d’enlever les palissades. Ils ne furent défaits qu’après une lutte longue et indécise.

Harassé par les attaques incessantes des Iroquois et ne pouvant, avec les faibles ressources à sa disposition, protéger un domaine aussi étendu que celui de la Nouvelle-France, le marquis de Denonville s’estima heureux quand les cinq nations vinrent lui proposer une trêve. La confédération Iroquoise envoya en Canada une députation qui fut escortée, une partie du chemin, par non moins de douze cents guerriers. Les envoyés des cinq nations informèrent le marquis de Denonville qu’ils savaient parfaitement que la province était presque sans défense et que, quand ils voudraient, il leur serait facile de brûler les maisons des habitants, piller les magasins, détruire les récoltes et raser les forts. En même temps, néanmoins, les envoyés déclarèrent que leurs compatriotes étaient des ennemis généreux et ne profiteraient point des avantages qui leur étaient offerts.


UN MESSAGER DU MARQUIS ARRIVA À MICHILIMAKINAC

Le marquis de Denonville répondit que le colonel Dongan, gouverneur anglais de New-York, réclamait les Iroquois comme sujets britanniques ; et que la France et l’Angleterre étant en paix, les cinq nations ne pouvaient déclarer les hostilités.

Les envoyés répondirent que leur confédération formait un pouvoir indépendant ; qu’elle avait toujours poussé la suprématie française comme la suprématie anglaise, que les Iroquois agiraient envers les deux peuples comme il leur plairait, comme neutres, amis ou ennemis. Les envoyés terminèrent par cette déclaration empathique : « Nous n’avons jamais été vaincus ni par les Français, ni par les Anglais. Notre territoire nous a été donné par Dieu et nous ne reconnaissons pas d’autre maître. »

Finalement, le marquis réussit à conclure une trêve favorable aux Français et à leurs alliés indigènes ; c’était un pas vers un traité de paix durable, et les envoyés iroquois retournèrent chez eux pour tâcher d’accomplir cet objet.

Mais l’espoir de conclure un traité de paix entre les Français et les