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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

tendre de bonne foi que M. Papus ou M. Péladan les remplacent.

Et les symbolistes ? Ah ! oui, c’est juste ! Ma sœur Anne ne les a pas mentionnés ? Elle les aura pris pour des marchands d’olives.

Cherchons-les donc, ces symbolistes.

Je salue un maître. Des poètes français vivants, le plus grand, à mon gré : Paul Verlaine. Est-il symboliste ? Il s’en défend comme un beau diable. On l’a baptisé décadent, il s’en tiendra là. Soit ! Acceptons décadent si cette épithète signifie que Verlaine pince sa viole de la manière la mieux exquise ; si cette épithète veut dire que nul avant ce décadent ne gratta tant exquisement les plus lointaines cordes de l’inconscient ; si décadent implique que ce prestigieux manieur de mots transforma le vers parnassien, rigide et froide et sculpturale momie, en cette « âme légère comme houppe » dont parle Moréas. Décadent, d’accord ! mais il siérait une bonne fois d’avouer que si Hugo enseigna l’a, b, c, à nos devanciers, Verlaine apprit à lire à la montante génération.

Est-ce chez M. Stéphane Mallarmé que nous nous enquerrons de l’authentique formule symboliste ? On connaît de ce poète, à qui je voue une loyale admiration, vingt-cinq ou trente pièces de vers : suaves allégories, encore qu’un peu abstruses. Puis, il nous promet l’instante apparition de son grand œuvre, dont personne n’a d’ailleurs lu une ligne. Attendons.